BURKINA FASO: la famille Sankara ne réclame qu’un euro symbolique
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Après le verdict au procès de l’assassinat de Thomas Sankara et de ses douze compagnons, les familles des victimes attendent de savoir quels dommages et intérêts leurs seront accordés.
« La justice n’est pas une affaire d’argent », semble indiquer la famille Sankara en accueillant, le 6 avril dernier, la condamnation de Blaise Compaoré, Hyacinthe Kafando et Gilbert Diendéré à la prison à perpétuité, 35 ans après l’assassinat de l’ancien président du Conseil national de la révolution burkinabè. Alors que le tribunal militaire décidera, le 10 mai, d’éventuelles compensations financières à l’endroit des parties civiles, les parents du défunt ne demandent qu’un franc symbolique de dommages et intérêts.
L’alliance et l’arme
Les ayants droit de Thomas Sankara insistent à ce point sur la primauté de la vérité qu’ils exigent que le certificat de décès soit délivré conformément aux faits, alors que le document de l’époque stipule que le président s’est éteint d’une « mort naturelle ». La famille veut également que ses effets personnels lui soient restitués, notamment son alliance et son arme.
Si le panache des Sankara prend des airs de mansuétude, la vérité et la justice conduiront-elles à la réconciliation qui a largement truffé les discours des régimes successifs ?
N’est pas nation arc-en-ciel qui veut, mais Blaise Compaoré espérerait quitter le quartier abidjanais de Cocody-Ambassades et finir ses jours dans son Faso natal. Évoqué par le nouveau ministre d’État chargé de la Cohésion sociale et de la Réconciliation nationale Yéro Boly – ancien cacique du compaorisme -, un projet d’amnistie gagnerait à être précédé de la bienveillance des familles de victimes.
« Prendre un thé avec Blaise Compaoré ? »
Avant même les dernières conclusions du tribunal, Adama Ouédraogo dit « Damiss » a mis les pieds dans le plat. Dans une tribune s’adressant à la veuve Mariam Sankara, le journaliste-écrivain pose une question directe : « Et si vous partiez à Abidjan prendre le thé avec Blaise Compaoré ? » Et d’invoquer Nelson Mandela rendant visite aux architectes de l’apartheid. Relayée par la presse, la tribune suscite un débat sur les réseaux.